Article rédigé par Carmen-G. Sanchez, MBA, en collaboration avec Charléric Gionet, Directeur du développement économique, MRC de La Rivière-du-Nord.
Innovation, Connexion Laurentides
Le 21 avril dernier se tenait l’événement « Rethinking Global Travel : Designing more sustainable journeys from A to B », organisé par l’Université de Waterloo, en collaboration avec le MaRs Discovery District, à Toronto. Il faut savoir qu’à eux seuls, MaRs accueille environ 40% des startups canadiennes annuellement et que la croissance moyenne de celles-ci est d’environ 20% au cours de leur passage chez MaRS. Impressionnant n’est-ce pas?
Novabus, Lion Électrique, Paccar, pour ne nommer que ceux-là. Imaginez maintenant tous ces sous-traitants qui ont élu domicile dans les Laurentides pour se retrouver à proximité de ces donneurs d’ouvrage. Il allait de soi que nous devions aller voir ce qui se dit chez nos voisins, en Ontario, pour nous inspirer dans nos propres pratiques, et ainsi générer de nouvelles idées pour toutes ces entreprises qui aspirent à s’intégrer dans cette chaîne de valeurs. Qui plus est, nous étions curieux d’apprendre le point de vue de quelques chercheurs spécialisés dans le domaine, afin d’alimenter nos grands projets d’innovation régionaux.
Nous savons tous que l’innovation est un élément crucial pour les entreprises qui cherchent à contribuer à une économie durable. Dans ce contexte, les entreprises ont besoin de l’infrastructure et des ressources nécessaires pour soutenir leur innovation et les aider à commercialiser leurs produits et services. Cette nécessité a été mise en évidence lors de la récente conférence à laquelle ont participé des dirigeants de grandes entreprises et d’organisations universitaires. Les experts présents ont discuté de la nécessité d’une infrastructure innovante pour aider les startups à réussir et ont partagé des idées pour encourager l’innovation dans différents secteurs.
Yung Wu, PDG de MaRS, a souligné qu’il n’y a pas de voie vers la neutralité carbone sans innovation. Selon lui, l’innovation est le moteur de la croissance économique et de la durabilité environnementale. Il a fait la démonstration des interrelations entre les organisations si nécessaires à la mise en place d’un écosystème performant, accessible et résilient.
Il a souligné les 3 éléments suivants pour la construction d’un avenir durable et inclusif :
Vivek Goel, président et vice-chancelier de l’Université de Waterloo, a souligné l’importance de l’innovation pour lutter contre les changements climatiques. Il a noté que les universités doivent travailler en étroite collaboration avec les entreprises pour faciliter l’adoption de nouvelles technologies et soutenir la recherche et le développement. Goel a également souligné l’importance de la durabilité économique, environnementale et sociale dans la conception de solutions innovantes.
Suzanne Kearns, directrice de Waterloo Institute for Sustainable Aeronautics (WISA), a souligné que la durabilité ne concerne pas seulement l’environnement, mais aussi les gens, que ce soit en aéronautique ou dans les autres secteurs. Elle a noté que les entreprises doivent répondre à nos besoins d’aujourd’hui sans nuire aux besoins des futures générations. C’est là, la clef du développement durable. Kerns a présenté l’exemple de l’avion Velis Electro comme un exemple d’innovation durable qui répond à ces besoins en matière de durabilité. Elle a également souligné l’importance de la collaboration entre les entreprises et les universités pour encourager l’innovation.
Les jeunes pousses peuvent jouer un rôle crucial dans la promotion de solutions innovantes et durables. Trois startups qui proposent des solutions novatrices pour améliorer la durabilité du transport ont également été présentées lors de l’événement :
La startup canadienne Pantonium a présenté sa solution de macrotransport à la demande, qui considère une ville comme une seule zone, ce qui permet de maximiser l’efficacité des déplacements en réduisant le nombre de véhicules nécessaires. L’application permet aux usagers de commander un véhicule en quelques clics et de partager leur trajet avec d’autres passagers, réduisant ainsi les émissions de CO2.
L’intention de Ribbit est d’offrir un service de ligne aérienne par l’entreprise d’avion autonome (sans pilote) afin de desservir de façon plus efficace et fréquente les régions éloignées, notamment les communautés autochtones.
Les véhicules aérospatiaux de Transpod sont conçus pour transporter des passagers et des marchandises entre les villes à très grande vitesse (vitesse de pointe à 1 000 km/h). Plus rapide que les voyages en avion, le système de tubes Transpod est une alternative rapide et confortable au trafic autoroutier.
La conférence s’est soldé par un panel de chercheurs qui ont permis de poser des questions intéressantes sur nos habitudes de transport, qui devront nécessairement être répondues si nous souhaitons collectivement avoir des transports plus verts :
La société actuelle s’est construite sur les principes que les voitures sont accessibles, disponibles à tout moment avec des modalités de ravitaillement disponibles pratiquement partout. Serions-nous prêt à payer le juste prix de nos déplacements, en intégrant les notions de GES, recyclage de la voiture en fin de vie, etc.?
Nous pouvons le constater, il existe encore des populations marginalisées qui tardent à adopter les nouvelles technologies. Qui plus est, plusieurs entreprises ne sont pas encore numérisées et cela entraîne déjà une perte de compétitivité. Si nous imaginons une société encore plus technologique, comment allons-nous nous assurer un accès aux services à ces mêmes groupes de personnes?
Nous avons la chance d’avoir des entreprises du secteur des transports qui brillent sur la scène internationale et contribuent au génie québécois. Nous n’avons qu’à penser à NovaBus, Lion Électrique, Airbus-Bombardier, Stellia et Paccar, pour ne nommer que ceux-là.
De plus, nous avons 3 centres collégiaux de transferts technologiques qui font de la recherche appliquée en entreprise et qui ont fait des projets de transports : l’Institut du véhicule innovant (IVI), le Centre des développements des composites du Québec (CDCD), et le Centre microélectronique du Québec (CIMEQ). Avec nos campus universitaires de l’UQAT et de l’UQO, ce sont des expertises essentielles pour le développement de produits et services innovants dans la région, notamment en transport.
Les acteurs économiques de la région se mobilisent à l’heure actuelle pour mettre sur pied deux projets d’envergure : une Zone d’innovation en aéronautique, dont le pôle de la région serait à Mirabel, ainsi qu’une Zone d’innovation en transport avancé, dont le pôle serait situé à Saint-Jérôme.
L’expertise n’a pas de frontière. Nous savions déjà qu’il faut favoriser la collaboration des acteurs autour des besoins de l’industrie afin d’accélérer l’accès à l’expertise de pointe. Les approches multidisciplinaires sont à privilégier et l’importance d’avoir et d’expliquer une vision commune prend tout son sens.
Il faut trouver des façons de faire bouger les choses. Notre économie accuse un retard, plusieurs études tendent à le démontrer, et la vitesse de l’innovation s’accélère sans cesse. Il est plus que temps de se retrousser les manches, prendre des risques (calculés, il va s’en dire!) et proposer des projets concrets. Il en va de la compétitivité de nos entreprises, de notre économie à moyen et long terme.
La rentabilité n’a plus le même sens qu’auparavant. Les impacts environnementaux, sociaux et de gouvernance (facteurs ESG) doivent être au cœur des décisions d’affaires. Non seulement les entreprises qui emboitent le pas auront une longueur d’avance sur les autres, mais celles-ci contribueront à la pérennité de leur modèle d’affaires.
À cet égard, Connexion Laurentides mènera des initiatives au cours de l’année afin de stimuler la réflexion, mais aussi la prise en charge d’initiatives porteuses pour notre économie, en ayant bien en tête les façons les plus durables de le faire, particulièrement dans le secteur des transports.