Le modèle
Lion Électrique
en innovation

Sujets et thèmes abordés : Développement durable (3R) + Économie circulaire + Électrification des transports + Ressources humaines + Mobilité durable.

Innove Inc. 23 – Passion électrification

Commercialisation, Économie circulaire, Innove inc.

 
  
 

Note : Connexion Laurentides n’est en aucun cas responsable des affirmations émises par les invité.e.s. Veuillez noter que cet épisode a subi quelques coupures au montage de manière à fournir un résumé captivant.

Discutons électrification et innovation

Au Québec, le Plan pour une économie verte 2030 annoncé en novembre dernier comporte un volet substantiel sur l’électrification des transports, demandant l’interdiction de la vente de véhicules à essence d’ici 2035. ⚡ On y trouve aussi l’objectif que 40 % des taxis, 65 % des autobus scolaires et 55 % des autobus urbains circulant au Québec soient électriques en 2030. Ce sont de bonnes nouvelles pour les Laurentides puisque plusieurs entreprises établies ici rayonnent déjà dans ce secteur.

 

🚌 C’est le cas entre autres de Lion Électrique, notre entreprise invitée dans l’épisode 23 de notre balado Innove Inc. en compagnie de son Vice-président Marketing et Communication, M. Patrick Gervais, et de M. André St-Pierre, Président du Groupe Efftrans inc. et Conseiller stratégique – Secteur développement durable, énergie électrique et innovation.

 

🎧 Une écoute électrisante qui ouvre les portes vers un futur plus vert!

Présentation de nos invité.e.s

Patrick Gervais, Vice-président Marketing et Communication chez Lion Électrique

Patrick Gervais s’est joint à Lion Électrique en 2018 à titre de vice-président marketing et communications. Avant d’être chez Lion, il a cumulé plus de 25 ans d’expérience à commercialiser des marques telles que GMC Canada, Isuzu Canada, Excellence Peterbilt.  Il a d’ailleurs contribué à la création de la marque Lion à leur début.

 

Lion Électrique est un manufacturier innovant de véhicules lourds à zéro émission. Ils conçoivent, fabriquent et assemblent toutes les composantes. Leader dans l’électrification des transports en Amérique du Nord et fleuron laurentien, ils sont en hypercroissance et sont récemment passés à la bourse.

André St-Pierre, Président Groupe Efftrans inc., Conseiller stratégique – Secteur développement durable, énergie électrique et innovation

André St-Pierre cumule plus de 35 années d’expérience dans le secteur de l’énergie, du transport terrestre et de l’aéronautique, André St-Pierre a commencé sa carrière chez GE Hydro. Il a été par la suite responsable technique du département de génie mécanique de l’école de Polytechnique de Montréal, directeur exécutif au sein du Pôle d’excellence québécois en transport terrestre et a contribué à la création d’InnovÉÉ en 2012.

 

Il est actuellement président et consultant en accompagnement stratégique pour le Groupe Efftrans dans les domaines de l’électrification des transports, de l’énergie électrique et du développement durable. Il est aussi le président du conseil d’administration de Connexion Laurentides.

Inspirations de nos invité.e.s

Patrick Gervais, Vice-président Marketing et Communication chez Lion Électrique

 

André St-Pierre, Président Groupe Efftrans inc., Conseiller stratégique – Secteur développement durable, énergie électrique et innovation

Extraits de l'épisode Innove Inc. 23 – Passion électrification et innovation

1. Qu’est-ce que l’innovation pour vous?

Patrick Gervais : C’est certain que lorsqu’on parle d’innovation, et plus particulièrement d’innovation en mobilité durable, alors on vient chercher une fibre en moi qui me touche beaucoup. Chez Lion Électrique, on aime parler d’innovation en trois volets. On a l’innovation contrôlée, l’innovation continue et on a aussi l’innovation universelle.

 

L’innovation contrôlée, c’est de vendre un produit à un meilleur prix, avec des qualifications qui sont plus avantageuses. Dans le fond, c’est de réinventer un produit qui va répondre à un besoin à un coût compétitif, mais qui apporte un volet innovant. Par exemple, on a décidé de mettre en marché un camion lourd 100 % électrique avec une autonomie de 400 km. Au lieu d’attendre que le camion puisse faire 1000 kilomètres, alors on s’est dit aussi de mettre la technologie maintenant avec un prix compétitif qui va répondre à un besoin et qui amène vraiment de l’innovation aux nouvelles technologies.

 

L’innovation continue, c’est de continuer le développement de la gamme de produits pour qu’on amène l’organisation à un autre niveau. Un exemple? Nous avons commencé avec un véhicule scolaire, un autobus scolaire. On faisait une route le matin, on pouvait se recharger le midi, et on faisait une autre route l’après-midi. Un autobus scolaire, c’est bâti sur un châssis de classe 7, alors cela allait de soi de développer un camion 100 % électrique, un camion lourd. Pourquoi? Parce que les camions lourds sont les plus grands émetteurs de GES en Amérique du Nord.

 

Ensuite il y a l’innovation universelle. Bien, c’est tout ce qui va accompagner ton produit innovant pour s’assurer que ça fonctionne bien, pour l’encadrer, pour s’assurer que les technologies évoluent bien. Chez Lion, au début, on remettait les clés, puis on disait « Bonjour. Merci. Vous reviendrez nous voir quand vous aurez un problème ». Eh bien, ça ne fonctionne pas au niveau de commercialisation de l’innovation. Alors, on a mis tout un écosystème en place avec un accompagnement au niveau des infrastructures et des bornes de recharge. On a mis un service d’accompagnement qu’on appelle le Bright Squad, qui accompagne les clients au niveau de la formation des chauffeurs, des mécaniciens, et même de tout le personnel de l’entreprise. On a un système d’accompagnement au niveau du financement, ce qui fait qu’on a vraiment tout un écosystème qui grandit et c’est ce qui fait que l’innovation va avoir du succès. Alors, c’est important d’implanter l’innovation, et d’y aller tranquillement aussi parce que si on est trop drastique, bien des fois ça ne fonctionnerait pas.

 

Carmen-G. Sanchez : Et pour vous, M. St-Pierre, qu’est-ce que l’innovation?

 

André St-Pierre : De mon côté, ce que j’entends par innovation, c’est la création, le développement, la commercialisation de nouvelles solutions qui peut dans certains cas, répondre ou non à un besoin déjà exprimé. L’innovation, ça part dans un premier temps d’une observation, d’une idée. Puis, très souvent, et si possible avec une équipe, d’avoir une vision commune autre que de faire uniquement du profit — qui fait partie des objectifs, c’est sûr, de tout au de tout industriel —, mais aussi s’assurer de la bonne réussite de la commercialisation. On parle souvent d’innovation techno ou technologique, mais il y a d’autres sortes d’innovations aussi, telles que l’innovation économique par exemple sur-reliée au modèle d’affaires. Il y a aussi d’autres types d’innovations intéressantes pour les secteurs de l’électrification des transports ; c’est l’innovation ouverte où là, à ce moment-là, on met différentes personnes, ou même différentes entités, des sociétés qui peuvent être mêmes concurrentes à travailler, à solutionner, ou à répondre à une problématique commune.

2. Comment se positionne le Québec et la région des Laurentides par rapport à l’électrification des transports?

Patrick Gervais : Au Québec, on a un gros avantage : on est vraiment des pionniers en l’électrification des transports. On part de très loin. Déjà là, avec Hydro-Québec avec qui on a une énergie renouvelable à 99 %, alors on a tout pour mettre l’électrification en place. L’autre chose, c’est qu’il y a de l’électricité dans toutes les bâtisses. C’est une énergie qui est déjà une première source et nous avons de l’électricité dans toutes les bâtisses. La suite, c’est juste de faire une bonne gestion du changement pour expliquer tous les avantages de l’électrification. Avant, on allait vers l’électrification parce qu’on savait que c’était bon pour l’environnement. Et puis, on avait ce qu’on appelle des early adopters qui achetaient un véhicule lourd ou des véhicules électriques pour démontrer que c’était bon pour l’environnement et ils étaient contents de faire ce geste-là, mais c’était un investissement qui était quand même important, et le retour sur investissement n’était pas nécessairement là.

 

Par contre, aujourd’hui, c’est un modèle d’affaires qui est viable. C’est un modèle d’affaires ou les gens vont faire une réelle économie. Alors c’est pour ça qu’il y a une réalisation et une implantation de l’électrification, parce que les économies, quand on regarde le coût total de possession d’un véhicule, que ce soit un véhicule particulier ou un véhicule lourd au niveau de l’électrification, l’électrique va toujours être plus avantageux que le véhicule à combustion. Donc lorsque les gens réalisent ça, ils se disent : « Ok, là maintenant ce n’est plus est-ce qu’on va aller électrique? », c’est « Comment on va aller à l’électrique? ». Et là, il y a une gestion du changement qui rentre, sur laquelle on doit vraiment travailler. Et bien ça, tout ce qui est un changement n’est pas toujours facile à faire, mais ici, au Québec, on a vraiment tout pour être un pionnier en électrification des transports, et plus particulièrement dans les Laurentides, parce qu’on a plusieurs entreprises. Oui, on est Lyon électrique, qui est un constructeur, mais il y a plein d’autres services, et autant d’énergies qui sont reliés à l’électrification. On a plein d’autres fournisseurs avec qui on peut travailler, qui ont développé des produits qui sont adaptés avec des technologies innovantes qu’on demande juste à implanter, puis à commercialiser le traitement possible?

 

André St-Pierre : Oui, écoute Patrick, tu rejoins mes propos, tu m’enlèves les mots de la bouche et je vais essayer de bonifier ta réponse. Dans le domaine de l’électrification des transports, selon moi, les secteurs intéressants à développer au Québec sont principalement reliés à des marchés de niche. J’entends par marché de niche un marché qui est plus étroit et qui correspond à un produit, ou un service spécialisé ou plus spécifique. Pour donner quelques exemples, je pense bien sûr aux autobus scolaires avec des roues électriques, aux autobus urbains avec Novabus, à la série de camions dans le projet mobilisateur dans lequel Lion travaille actuellement, aux véhicules et robots agricoles avec Elmec et l’Institut du véhicule innovant, aux bateaux et aux motoneiges avec Taïga, aux télécabines avec de Doppelmayr. Si vous remarquez, sur les six marchés de niche mentionnés, 50 % d’entre eux sont exploités par des sociétés ayant pignon sur rue dans les Laurentides. Donc, ça rejoint ce que tu disais, Patrick, les Laurentides nous sommes bien situés pas juste géographiquement, mais je pense que techniquement, pour réaliser des choses intéressantes dans l’électrification des transports.

 

Ensuite, il y a une composante des plus importantes de ce secteur, puis j’imagine qu’on va peut-être en parler tantôt, ce sont les batteries. On le sait tous, les batteries c’est le cœur de la problématique pour l’électrification des transports. Et on sait que Lion Électrique aussi va travailler, ou travaille actuellement, dans ce domaine-là. Je ne volerai pas ton punch Patrick. Les bornes de recharge aussi avec énergie, comme tu mentionnais plus tôt. La motorisation avec TM4. Le recyclage des batteries, on n’en a pas beaucoup parlé, et on n’en parle pas assez à mon avis, mais on a Recyclage Lithion qu’il ne faut surtout pas oublier. Nous avons donc dans les Laurentides de belles entreprises et on a un institut que j’ai mentionné, l’Institut du véhicule innovant, qui aura bientôt son centre d’innovation avec 45 employés motivés à supporter les entreprises du secteur, et évidemment, un centre d’essais unique au Canada, PMG Technologies, qui est situé lui tout près à Blainville.

3. Est-ce que l’innovation est à la portée de tous?

Carmen-G. Sanchez : On constate bien que Lion Électrique a le moyen de ses ambitions et peut agir comme chef de file dans son secteur, mais j’aimerais savoir André, l’innovation est à portée de toutes les entreprises, ou s’il faut vraiment investir énormément pour pouvoir innover?

 

André St-Pierre : Ce que je peux dire en ce qui concerne l’innovation, c’est qu’on n’a pas besoin d’être une très, très grosse entreprise pour innover. Je dirais même que dans les concepts d’innovation ouverte, ce qu’on fait, c’est qu’on joint des équipes de différentes entreprises, comme je mentionnais tantôt, à travailler sur une problématique. Donc pas besoin d’être très, très gros pour innover. Je ne pense pas que Lion, il y a une dizaine d’années ou à peine, avait le même nombre d’employés qu’ils ont récemment. Il y a eu une très grande évolution, très rapide, mais cela a quand même commencé avec deux ou trois personnes, et puis regardez aussi actuellement. Donc, je ne crois pas que la dimension de l’entreprise est un facteur vraiment néfaste à la volonté d’innover et à la réussite.

 

Bon, entre autres, ça prend du leadership. Ça, c’est dans toute entreprise. Je pense que ça prend un leader à bord de l’entreprise. Ça prend de la créativité, ça prend de l’initiative et ça prend un travail d’équipe. Donc, comme je disais tantôt, on a beaucoup de ressources à l’externe maintenant, je le mentionnais. Lion, ils n’ont pas travaillé seuls évidemment et ils ont très bien réussi. Je pense, et Patrick pourra confirmer, il y a des gens qui ont travaillé avec eux et qui ont fait en sorte qu’ils réussissent aussi aujourd’hui. Cependant, le secteur de l’électrification des transports évolue très rapidement et est en pleine expansion actuellement. Il faut donc, dans ce domaine-là, être également agile et bien à l’écoute de son environnement et des changements. Je laisse Patrick compléter et bonifier ce que je viens de dire.

 

Patrick Gervais : Tu as tout à fait raison. Juste pour vous dire, moi j’ai eu la chance de créer la marque Lion Électrique en 2008 et de travailler avec Marc avant de me joindre à Lion à temps plein en 2018. J’ai vendu mon entreprise puis je me suis joint à Lion. Quand j’ai débuté, je reviens un petit peu en arrière, mais la première fois que Marc est venu me voir m’a dit : « Tu vas me faire un logo pour un autobus 100 % électrique. On va appeler ça le E-lion ». C’était pas très créatif, mais ceci dit, moi j’étais comme « Wow, c’est super le fun, on va travailler sur un projet comme prototype, comme on voit dans les salons de l’auto qui ne verra jamais le jour, mais c’est vraiment cool. » Et après de continuer à travailler et de voir l’évolution et la vision…

 

Effectivement et malheureusement, ça ne se fait pas du jour au lendemain au niveau de l’innovation, ça prend du temps. Puis, il faut prendre le temps de bien faire les choses. Au Québec, on a un écosystème incroyable pour nous aider. Donc, c’est sûr que moi, quand je suis arrivé en 2018, je n’avais pas fait depuis longtemps. Ça fait trois ans, on était 115 et maintenant on est plus 950. Mais ceci dit, on a travaillé avec Lévis, on a travaillé d’InnovÉÉ, on a travaillé avec plein d’autres entreprises et d’autres organismes. Ça prend de la persévérance, ça prend une bonne vision. Et au Québec, et dans les Laurentides, on a vraiment tout pour amener nos idées à un autre niveau. Il faut prendre le temps de bien le faire, d’avoir une bonne vision. Quand Marc est arrivé avec un autobus 100 % électrique, tout le monde l’a traité un peu de fou. On a regardé un peu tous les types de propulsion, puis lui il se disait : « C’est l’électrique dans laquelle on va se lancer, les autres ne font pas de sens pour plein de raisons ». Et il avait raison! Alors il faut juste oser, ne pas avoir peur, croire en ses idées aussi, aller chercher les bons alliés, les bons joueurs, faire de bons choix, et c’est certain qu’il va y avoir du succès.

 

André St-Pierre : J’aimerais ajouter un point si tu me le permets, Carmen, dans l’innovation, il faut au début principalement éviter de tomber dans le piège que tout doive être parfait. On est au début du cycle d’innovation, on doit avancer, on doit aller de l’avant, et on va découvrir des choses qui vont nous permettre de mieux réussir, et d’être plus efficaces. Donc, je dis aux entrepreneurs qui veulent innover comme conseil, n’attendez pas au début – quand vous êtes au début du cycle d’innovation, avec l’idée et les premiers jets – n’attendez pas que tout ça soit parfait. Avancez, puis évidemment, quand arrivera l’industrialisation et la commercialisation, évidemment on va avoir un produit ou un service qui va être très rentable, efficace et puis bien fait, ça n’enlève rien avec ce que je viens de dire, mais au début, ne vous accrochez pas les pieds dans les fleurs du tapis.

4. Quel a été le moment charnière pour Lion Électrique?

Carmen-G. SanchezLa première fois que j’ai fait connaissance avec Lion Électrique, c’était autour de 2017. J’arrivais dans les Laurentides, j’apprenais à connaître l’écosystème entrepreneurial et c’est vraiment ce qui m’a touché le plus qui m’a frappé le plus ; la passion de M. Bédard pour parler de son projet et de son entreprise. J’ai suivi l’évolution de Lion Électrique au cours des dernières années, cette croissance fulgurante que vous avez connue; vous avez fait référence que vous êtes près de 1000 employés maintenant! Quel a été le point tournant pour Lion Électrique de passer de la petite entreprise à un projet un peu fou, à une entreprise qui ouvre des projets aux États-Unis et d’autres projets au Québec? Quel a été le moment charnière dans cette histoire-là?

 

Patrick Gervais : Bien, le moment charnière, c’est vraiment la vision de Marc Bédard qui a été une vision exceptionnelle, extraordinaire. Et il y a un autre point sur lequel on n’a pas encore parlé au niveau de l’innovation, c’est le sens du timing. Quand je veux dire, le sens du timing, c’est à quel moment précisément on peut commercialiser, mettre en place et ouvrir la machine au niveau de la commercialisation, du développement du type produit.

 

Donc Marc a un plan, nous on a un plan, puis ça fait longtemps que le plan a été mis en place, et quand je vous parlais d’intégration verticale, c’était un peu ça. Le plan est simple, c’est le développement d’une plateforme sur lequel on va pouvoir construire plusieurs types de produits. Nous, on appelle ça la plateforme Lion. Donc, on a construit un châssis sur lequel on peut développer plusieurs produits. On a commercialisé sept produits en date d’aujourd’hui (le 25 janvier 2022). En 2022, on va en rajouter huit autres pour quinze produits au total. L’intégration verticale, l’usine de manufacturière aux États-Unis pour la croissance et l’augmentation du volume, et l’usine de batteries, intégration verticale encore une fois, pour s’assurer de contrôler les coûts, développer des produits qui vont encore plus compétitifs. Et ça, il y avait un timing précis pour s’assurer que ça fonctionne bien, autant au niveau de l’engouement, et l’impact sur les changements climatiques.

 

Aujourd’hui regarde, on a eu la COP 26 dernièrement, et tout le monde s’est entendu pour dire que même s’ils ne sont pas tous d’accord et qu’ils auraient aurait aimé avoir des mesures qui sont plus grandes sur le fait qu’en ce moment il y a un réchauffement de la planète et on doit prendre action, pas seulement en Amérique du Nord, mais mondialement. Alors, il y a une prise de conscience des gens et les gouvernements mettent en place des législations, mettent des directives pour dire « OK, il faut qu’on agisse dès maintenant parce qu’on n’a pas le choix. L’électrification des transports est un des plus grands, ou le plus grand émetteur, de gaz à effet de serre en Amérique du Nord, et un des plus grands au monde. Alors pour nous, c’était vraiment de s’assurer de développer nos produits et on savait que c’était pour y arriver, mais de s’assurer de bien mettre en place toute la structure. Alors, dans la croissance de nos produits, on a vu qu’il fallait financer ces produits-là, et je vous disais qu’on était 115 en 2018 et que maintenant on est plus de 950 employés, et bien il fallait accélérer. C’était le sens du timing qui était vraiment important et on est devenu une société publique.

 

Pourquoi est-on devenu public? Bien, c’est qu’on avait besoin de montants quand même importants au niveau du financement de l’opérationnel, tout en gardant le contrôle de l’entreprise ici québécoise. Alors, on est une entreprise québécoise. Si on avait été dans du capital de risque, on aurait perdu le contrôle au niveau de la gestion de l’entreprise et ce n’est certainement pas ce qu’on voulait. Alors le timing, et aussi j’en ai parlé tantôt, la prise de conscience du retour sur investissement auprès des entreprises. Je pense que ce sont vraiment ces deux critères-là qui ont fait que oui, là il y a un engouement. Alors là, les gens veulent investir dans l’électrification, ils se sont rendus compte que c’est un modèle d’affaires rentable, que ça a un impact économique, que c’est bon pour la société, et on crée une nouvelle économie.

 

Carmen-G. Sanchez : André, tu voulais revenir sur la notion du timing?

 

André St-Pierre : Ah oui, oui, oui! Écoute, tu as soulevé un excellent point, Patrick. Le timing, j’allais justement en parler. Tout va très vite aujourd’hui, avec les moyens qu’on a pour développer les communications, tout va très vite. Les marchés se développent très vite et c’est encore plus vrai dans un marché émergent, en pleine expansion, comme celui de l’électrification des transports. Un des enjeux de ce secteur, comme tu disais Patrick, c’est le court délai souvent qu’on a pour développer et réaliser la mise en marché, soit le fameux time to market. Donc on a un court délai, mais en plus d’avoir un court délai, il faut qu’on soit dans la bonne fenêtre de temps, parce qu’il y en a d’autres en arrière qui se développent aussi. Donc, il faut être rapide. On parlait tantôt soit des enjeux, ou soit des de ce qu’on doit avoir en qualité, les entreprises. Donc ça revient un peu aussi à compléter la question de tantôt. Il faut être rapide et efficace dans le cycle d’innovation, ce qui inclut, entre autres, l’expérimentation et la commercialisation. Il y a tout ce qui touche évidemment le volet économique. Il faut également, pour le bien être de notre planète et de nous tous, que les entreprises intègrent davantage dans leurs projets les notions d’économie circulaire et de cycle de vie.

5. Pourquoi Lion Électrique a décidé de se tourner vers les véhicules lourds?

Carmen-G. Sanchez : Lion Électrique s’est toujours positionné comme étant un fabricant, un manufacturier de véhicules lourds. Qu’est-ce qui vous a amené à cibler davantage ce marché? Parce que si je reprends les mêmes mots de M. Bédard dans une entrevue de Radio-Canada le 6 janvier dernier (« Véhicules électriques : Entrevue avec Marc Bédard et Samuel Bruneau« »), à vouloir tout faire, on ne fait rien. Donc, pourquoi les véhicules lourds?

 

Patrick Gervais : C’était vraiment un domaine ou il n’y avait pas d’évolution et il y avait un marché qui était vraiment à développer, autant au niveau de l’innovation des produits du camion, que de l’intégration d’une nouvelle motorisation pour améliorer. Ce sont les véhicules qui sont les plus polluants sur les routes, ce sont les véhicules lourds. On parle de jusqu’à 100 tonnes par an pour un camion, de 23 tonnes pour un autobus scolaire, et pour un autobus de type transit, cela va varier à environ de 75 tonnes de gaz à effet de serre par année. Alors, on a vraiment développé une gamme de produits de types autobus scolaires, trois types de produits. On a développé un minibus qui peut être utilisé en transport collectif. On ne fera jamais des autobus de 40 pieds. Chez Lion, on fait des minibus de 26 pieds pour le transport adapté et pour les navettes, et ensuite, bien évidemment ça allait de soi, on a développé des camions. On ne peut pas tout faire; on ne fera pas de voiture, on ne fera pas de camionnette, mais on va rester focus sur notre offre de produits, ce qu’on fait en ce moment. Puis, on va le faire comme il faut, et on va les faire évoluer.

 

Carmen-G. Sanchez : Justement, dans cette approche de vouloir être le premier sur le marché à offrir un nouveau produit, dans une approche encore plus B2B (business to business ou service interentreprises), quels ont été vos apprentissages pour convaincre vos premiers utilisateurs?

 

Patrick Gervais : Évidemment, il y a plusieurs attributs au niveau de l’électrification des transports. C’est, évidemment, zéro émission. Il n’y a pas de vibrations. Il n’y a pas de pollution sonore. Il y a une économie substantielle au niveau de l’énergie. Il y a un confort à la conduite. Il n’y a pas de mauvaises odeurs. Et après, on est allé chercher des gens qui y croyaient, qui y croyaient et qui sont devenus, dans le fond, un peu comme les fanatiques du iPhone, les premiers utilisateurs. Ils ont été en mesure de démontrer que c’était viable comme modèle d’affaires, que ça fonctionnait bien au niveau opérationnel. Tu sais, on a 80 % de réduction des coûts d’énergie, on parle de plus de 60 % de réduction des coûts de maintenance.

 

J’ai un client en Californie, qui s’appelle Twin River, qui est une commission scolaire, qui affirme que ses véhicules Lion, c’est 85 % de réduction des coûts de maintenance comparativement à ses véhicules diesels. Une des choses que nous on fait, qui est différent, c’est qu’on est vrai, on est réel. Ce qu’on dit là, c’est vrai, on ne va pas embellir le produit, ou la situation, et les gens nous croient comparativement à d’autres gens de l’industrie. Il faut qu’on soit capable de mettre l’électrique dans les meilleures utilisations possibles, et non pas de vendre un véhicule à tout prix. Et c’est là la différence entre nous et d’autres entreprises. C’est vraiment l’honnêteté et notre expérience, notre connaissance. Il faut rendre l’environnement dans lequel un véhicule électrique va opérer favorablement.

6. Comment se passe la réutilisation des batteries tout au long de leur cycle de vie?

Carmen-G. SanchezQuelle est la durée de vie d’une batterie chez Lion Électrique? Comment ça se passe justement cette réutilisation des batteries de vos véhicules tout au long de leur cycle de vie?

 

Patrick GervaisJe vous en parlais un petit peu plus tôt, une batterie, elle a – comme nous on dit chez Lion Électrique – quatre (4) vies. La première vie, c’est l’utilisation de son véhicule. La deuxième vie, c’est la permutation; on peut utiliser la batterie pour un kilométrage plus bas. La troisième vie, c’est le stockage d’énergie; on peut l’utiliser plusieurs années pour des fermes éoliennes, ou d’autres types de stockage d’énergie. Et la quatrième vie, c’est le recyclage. Chez Lion Électrique, nos batteries sont garanties huit ans. On peut compter sur une espérance de vie minimum entre douze et quinze ans au niveau de leur utilisation. Par contre, par après, bien évidemment il va y avoir un jour le volet du recyclage. C’est important, surtout au niveau de notre chaîne d’approvisionnement ici au Québec, de développer la batterie, c’est-à-dire qu’on a du minerai critique, jusqu’à la fabrication des batteries, l’utilisation, et le recyclage. C’est là qu’on parle d’économie circulaire.

 

Carmen-G. SanchezAndré, justement à cet égard là, il y a plusieurs avancées dans le secteur qui se penchent déjà sur ces défis là que rencontre l’électrification des transports.

 

André St-PierreQue va, que rencontre et que va rencontrer l’électrification des transports? Effectivement, je pense que c’est vraiment important de garder en tête que dans la boucle du développement durable, il y a les trois R qui s’inscrivent très bien; on doit réduire la consommation, réutiliser, et recycler. Puis là, si on parle de recyclage, on peut penser aux dernières nouvelles qu’on a eu récemment. Recyclage Lithium, qui a mis un procédé efficace et rentable pour le recyclage des batteries lithium ion. Ils viennent de mettre la main sur un financement, et puis avec un beau contrat avec la Corée aussi. Donc, je pense qu’il y a des choses qui se passent à ce niveau là, et puis c’est important de continuer à appuyer sur ce bouton là, que le recyclage doit faire partie de l’engineering dès le début. Ça fait partie de notre mentalité maintenant d’utiliser mieux, de réduire, de réutiliser et de recycler.

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