Patrick Gervais : C’est certain que lorsqu’on parle d’innovation, et plus particulièrement d’innovation en mobilité durable, alors on vient chercher une fibre en moi qui me touche beaucoup. Chez Lion Électrique, on aime parler d’innovation en trois volets. On a l’innovation contrôlée, l’innovation continue et on a aussi l’innovation universelle.
L’innovation contrôlée, c’est de vendre un produit à un meilleur prix, avec des qualifications qui sont plus avantageuses. Dans le fond, c’est de réinventer un produit qui va répondre à un besoin à un coût compétitif, mais qui apporte un volet innovant. Par exemple, on a décidé de mettre en marché un camion lourd 100 % électrique avec une autonomie de 400 km. Au lieu d’attendre que le camion puisse faire 1000 kilomètres, alors on s’est dit aussi de mettre la technologie maintenant avec un prix compétitif qui va répondre à un besoin et qui amène vraiment de l’innovation aux nouvelles technologies.
L’innovation continue, c’est de continuer le développement de la gamme de produits pour qu’on amène l’organisation à un autre niveau. Un exemple? Nous avons commencé avec un véhicule scolaire, un autobus scolaire. On faisait une route le matin, on pouvait se recharger le midi, et on faisait une autre route l’après-midi. Un autobus scolaire, c’est bâti sur un châssis de classe 7, alors cela allait de soi de développer un camion 100 % électrique, un camion lourd. Pourquoi? Parce que les camions lourds sont les plus grands émetteurs de GES en Amérique du Nord.
Ensuite il y a l’innovation universelle. Bien, c’est tout ce qui va accompagner ton produit innovant pour s’assurer que ça fonctionne bien, pour l’encadrer, pour s’assurer que les technologies évoluent bien. Chez Lion, au début, on remettait les clés, puis on disait « Bonjour. Merci. Vous reviendrez nous voir quand vous aurez un problème ». Eh bien, ça ne fonctionne pas au niveau de commercialisation de l’innovation. Alors, on a mis tout un écosystème en place avec un accompagnement au niveau des infrastructures et des bornes de recharge. On a mis un service d’accompagnement qu’on appelle le Bright Squad, qui accompagne les clients au niveau de la formation des chauffeurs, des mécaniciens, et même de tout le personnel de l’entreprise. On a un système d’accompagnement au niveau du financement, ce qui fait qu’on a vraiment tout un écosystème qui grandit et c’est ce qui fait que l’innovation va avoir du succès. Alors, c’est important d’implanter l’innovation, et d’y aller tranquillement aussi parce que si on est trop drastique, bien des fois ça ne fonctionnerait pas.
Carmen-G. Sanchez : Et pour vous, M. St-Pierre, qu’est-ce que l’innovation?
André St-Pierre : De mon côté, ce que j’entends par innovation, c’est la création, le développement, la commercialisation de nouvelles solutions qui peut dans certains cas, répondre ou non à un besoin déjà exprimé. L’innovation, ça part dans un premier temps d’une observation, d’une idée. Puis, très souvent, et si possible avec une équipe, d’avoir une vision commune autre que de faire uniquement du profit — qui fait partie des objectifs, c’est sûr, de tout au de tout industriel —, mais aussi s’assurer de la bonne réussite de la commercialisation. On parle souvent d’innovation techno ou technologique, mais il y a d’autres sortes d’innovations aussi, telles que l’innovation économique par exemple sur-reliée au modèle d’affaires. Il y a aussi d’autres types d’innovations intéressantes pour les secteurs de l’électrification des transports ; c’est l’innovation ouverte où là, à ce moment-là, on met différentes personnes, ou même différentes entités, des sociétés qui peuvent être mêmes concurrentes à travailler, à solutionner, ou à répondre à une problématique commune.